quinta-feira, 12 de novembro de 2015

Avant l'impasse, qui dira halte-là ?



Haïti est revenue dans les breaking news, ce mercredi. 

Deux proches parents du couple présidentiel vénézuélien, le pays qui est le premier bailleur de fonds de l’ère Martelly, ont été arrêtés en Haïti par l’agence américaine anti-drogue, la DEA. Après l’arrestation, en mai 2015 à Port-au-Prince, du fils de l’ex-président du Honduras Porfirio Lobo, Fabio, c’est la deuxième grosse affaire qui touche des grosses légumes de ce calibre. 

Dans les deux cas, les trafiquants ont été appréhendés et transférés aux Etats-Unis d’Amérique, les mains dans la poudre et les bras entravés par des menottes. Si pour Fabio Lobo les détails de l’accusation n’étaient pas connus, cette fois, on parle de mise en place pour exporter aux USA 800 kilos de cocaïne. Une tonne de droque. 
Haïti est-elle devenue une souricière ou une plaque tournante ? Pour l'instant, plus de 24 heures et plus de cinq mois après les deux affaires, le silence des autorités haïtiennes est total.

La journée avait démarré sur les chapeaux de roue dans un autre registre. 
Faisant le tour des médias de la capitale, un député, fraîchement élu sous la bannière du parti présidentiel, le PHTK, a expliqué ce qu’il présente comme un mécanisme de fraude mis en place lors des dernières élections. Dans ses propos, Antoine Rodon Bien-Aimé a nommément accusé un citoyen canadien travaillant pour l’UNOPS d’être au cœur de la conspiration pour substituer des procès-verbaux.

Le député Bien-Aimé accrédite la thèse que de faux bulletins, de faux procès-verbaux existent, ont existé et ont servi. Dans cet aspect de cette affaire de fraude, les Nations unies et des personnes du Palais national sont citées comme complices ou coauteurs. Ils auraient imprimé de vrais-faux matériels sensibles, donné leur aval à l’embauche de Sylvain Coté et couvert cette opération.

Sylvain Coté est un spécialiste des questions électorales et un grand connaisseur des affaires haïtiennes. Il a travaillé pour la BID, la Minustah, l’OEA, la USAID, l’ACDI et le NDI avant d’occuper à l’UNOPS le poste de chargé de la logistique électorale. Le PNUD, autre agence de l’ONU, a le contrôle du budget des élections haïtiennes et a été sur la sellette justement à cause de l’opacité de sa gestion de la fabrication des bulletins qui servent pour ces élections.
Aucune déclarations ou réfutation des accusations n'a encore été prononcée. Si on ajoute aux accusations du député celles faites par les candidats Sauveur Pierre Etienne et Dieuseul Simon Desras, on se retrouve avec un réseau d’alliés couvert par l’immunité diplomatique et la loi d’airain en vigueur dans les Etats faillis comme Haïti qui veut que celui qui donne ordonne et peut même tricher à sa guise. Le Palais national et la nébuleuse qui gravite autour du pouvoir sont aussi identifiés comme des imprimeurs des matériels les plus sensibles des élections : les bulletins et les procès-verbaux.

Un autre type d’organisation est cité depuis les élections du 25 octobre comme étant au cœur des opérations de fraude. Il s’agit d’institutions qui disposent d’ambulance avec une croix rouge, emblème de neutralité, sur leurs véhicules. Plusieurs institutions se sont défendues des accusations, mais il demeure que c’est la première fois pour une élection, le 25 octobre dernier, qu’il y avait autant d’ambulances dans les rues et si peu de blessés.

Les quatre dernières nouvelles du jour nous ramènent aux élections. Sur les ondes de Magik 9, Rénald Lubérice, conseiller de Jovenel Moïse, le candidat arrivé en tête pour l’élection présidentielle, affirme que le parti PHTK dispose de procès-verbaux qui lui donnent une avance plus confortable que celle inscrite dans les résultats proclamés par le CEP. Le parti du président Michel Martelly a renoncé à présenter des contestations. 
Si on comprend bien la magnanimité du PHTK, les résultats officiels ne sont pas fiables, même si certains s’en contentent.

Alors, quand en début de soirée, mercredi, le Conseil électoral a sorti une note pour dire qu’il a pu identifier, après enquête et analyse, 296 procès-verbaux relevant des fraudes, on a cru que les résultats de la présidentielle allaient en être changés. Rien de tout cela. La note précise que ces procès-verbaux à problèmes avaient été mis à l’écart et n’ont donc aucun effet sur le processus de tabulation.

La note du CEP ne répond ni aux lettres des sept candidats, ni aux insatisfactions du PHTK. Ni même aux plaintes de Maryse Narcisse ni à celles du candidat classé 42e sur 54 candidats.

Comme si la crédibilité du Conseil électoral avait besoin d’être mise sur le grill, un conseiller électoral, Jaccéus Joseph, qui n’a pas signé ni approuvé les résultats de la présidentielle et ceux des législatives, est sorti de son silence. Sur Radio Kiskeya, ce mercredi, il a confessé que la raison motivant son refus est le doute qui l’habite sur la crédibilité du processus de tabulation. Il ajoute même qu’il avait cru que les autres membres du CEP partageaient ses inquiétudes et voulaient que toute la lumière soit faite, avant qu’il constate que ce n’était pas le cas.

Un membre du Conseil électoral, Néhémie Joseph, a claqué la porte du Conseil, il y a à peine un mois. Dans sa lettre de démission, Néhémie Joseph avait écrit : « Aujourd’hui, j’ai, de plus en plus, la conviction de terminer ma mission en versant dans l’illégalité».

Avec les contestations de 8 des 9 premiers classés de la présidentielle (dont 7 hors des termes du décret électoral) et les manifestations du jour et celles que l’on annonce pour les heures à venir, le processus électoral sort lentement de ses rails. Le pouvoir Tèt Kale et le Conseil électoral sont les seuls qui persistent à faire comme si tout va bien. 
Les acteurs de la communauté internationale, comme ceux de la scène politique locale, alimentent un malaise. Ils entretiennent des doutes qui finiront par se transformer en problèmes. 

Pour les prochains jours ou pour les prochaines années, nous sommes en train de tisser un tissu d’irréversibilités complexes et nous faisons le lit de la faiblesse continue de nos institutions. 
Qui dira halte-là ! ?

Comme l’a dit ce soir sur Twitter l’ancien premier ministre Yvon Neptune, « le président Michel Joseph Martelly est face au dernier défi de son mandat : une conclusion acceptable de l'élection présidentielle. » Frantz Duval source le nouvelliste

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