segunda-feira, 9 de novembro de 2015

Vaccins: Quand les médecins généralistes font face au refus des patients


Illustration: vaccination d'un enfant.

SANTÉ Alors qu'un procès a relancé ce lundi le débat sur l'obligation vaccinale en France, «20 Minutes» a recueilli les témoignages de professionnels de santé confrontés à des refus de vaccination...

« L’obligation vaccinale, c’est pour le profit », « Liberté vaccinale : pour nos enfants, réclamons ce qui est juste ! »…. Sur le Web, images chocs et titres effrayants se multiplient pour alerter sur les dangers supposés des vaccins. Dans leurs cabinets, les professionnels de santé, eux, font face avec pédagogie et fermeté.

« Pensée magique »

Malgré le discours des agences de santé et des professionnels sur l’utilité des vaccins, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) constate depuis quelques années « un accroissement d’opinions défavorables dans la population générale française ». Une défiance portée par un nombre croissant de sites et groupes Facebook, où les interrogations légitimes côtoient des discours « sans aucune valeur scientifique », selon le docteur Jean Lalau-Keraly, pédiatre. Il dénonce également les discours de professionnels de santé comme le médiatique professeur Joyeux, dont la pétition alertant au sujet du triple vaccin protégeant contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite a recueilli plus de 660.000 signatures en juin dernier.
Dans quel terreau s’enracine cette méfiance ? Jean Lalau-Keraly évoque la prégnance d’une « idéologie d’un retour à la nature », « une angoisse d’Homme moderne qui ne voit plus de poliomyélites au bord de routes ni de morts de diphtérie. Du coup, il ne réalise pas le progrès que sont les vaccins, comme par effet d’optique », explique-t-il.
Gilles Lazimi, médecin généraliste au Centre de santé de Romainville (Seine-Saint-Denis), confirme et évoque des arguments proches d’une « pensée magique », « comme si la maladie n’existait pas ou était créée par les vaccins ». Il constate d’ailleurs que ceux qui les refusent ont « un profil baba cool » et font partie des classes plutôt aisées.
Une capture d’écran de la page Facebook "Pour le retour des Vaccins Sans Aluminium". - Facebook

Scandales


A cette forme de myopie s’ajoute une crise de confiance face aux institutions de santé. Dominique Dupagne, médecin généraliste et auteur du site Atoute.org, évoque ainsi le fait que « les gens ont été totalement déstabilisés par la vaccination contre la pandémie H1N1 de 2009 ». « Des situations incompréhensibles, comme la rupture de stock prolongée des vaccins obligatoires (DTPolio), ou les doutes sur l’innocuité du vaccin contre le cancer du col de l’utérus (Gardasil) alimentent la polémique et crédibilisent des peurs infondées », développe-t-il.

Pour lui et ses confrères, difficile alors d’aider les patients « à faire le tri ». L’arme du pédiatre Jean Lalau-Keraly : faire parler son expérience. « Avec mes 30 ans de carrière, je peux expliquer mon expérience aux patients : les cas de coqueluche redoutables, la quasi-disparition de la rougeole grâce au vaccin… » Le docteur Gilles Lazimi mise aussi sur l’échange : « tout se fait par la discussion », même quand il est confronté « aux discours les plus invraisemblables ». Il utilise aussi des outils concrets comme des affiches et des brochures, disposées dans son centre de santé.

Un lien privilégié

« Certaines consultations sont difficiles, longues, le débat est animé et parfois, faute de temps, on baisse les bras », rapporte Gilles Lazimi. Mais le plus souvent, le praticien convainc. « Si mes patients n’ont plus confiance dans les autorités sanitaires, ils ont encore confiance en moi », raconte Dominique Dupagne. Un lien privilégié exprimé par la quasi-totalité des médecins : 96 % d’entre eux sont confiants dans leur capacité à expliquer l’utilité des vaccins à leurs patients, rapporte l’Inserm.
L’institut note néanmoins que ce chiffre tombe à 43 % lorsqu’il est question de parler du rôle des adjuvants et de justifier leur utilisation. D’où l’intérêt de la formation constante. « Nous recevons des internes tous les six mois pour se remettre à niveau », rapporte Gilles Lazimi, qui évoque aussi la lecture de la revue Prescrire« indépendante et très lue dans la profession ». Elle permet aux médecins d’être à la page quant aux traitements à prescrire et aux réponses à donner, notamment aux 13 % de Français qui n’estiment pas les vaccins utiles (étude Odoxa). Une mission capitale, comme le rappelle le docteur Lazimi, car si (se) faire vacciner est un choix personnel, « c’est aussi une décision qui concerne la santé publique »

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